LE MONUMENT DE NOYELLES-SUR-MER ET LE CIMETIERE CHINOIS DE NOLETTE

 

 

 

 

 

LE MONUMENT DE NOYELLES-SUR-MER

 

 

Le 16 septembre 1921 M. Dulermez, marbrier à Abbeville, établit un devis de 14 100 francs (environ 14 000 euros) pour un monument en marbre représentant un soldat au repos. Outre le nom des 33 soldats morts pour la France, le monument portera l'inscription "Noyelles-sur-Mer à ses enfants morts pour la France". Un plan et une photographie du monument seront joints au devis.  

 

 

 

 

La dépense sera couverte par une souscription publique et des fonds municipaux. Le monument est érigé avant l’avis de la Commission spéciale chargée d’examiner les projets qui constatera "que la statue paraît défectueuse dans ses proportions et son esthétisme" (février 1922).

 

Le poilu au repos de Noyelles-sur-Mer fait partie de ces nombreuses statues stéréotypées proposées par des entreprises telles Les Marbreries Gourdon de Paris qui offrait dans ses planches, détaillées avec tarifs, un choix de statues de poilus : "poilu au repos, poilu combattant, poilu à la grenade, poilu mourant au combat, poilu sentinelle ..."

 

 

 

 

L’inauguration eut lieu le 6 novembre 1921.

 

"Nous inaugurons solennellement ce monument sacré et nous glorifions en même temps les 33 noms des Enfants du pays morts pour la France. Ils ont connu ces Chers Enfants, comme tous leurs frères d'armes, la lutte terrible, les mauvais jours, les souffrances et les privations de toutes sortes. Par leur courage et leur bravoure ils ont arrêté l'ennemi et nous ont épargné la douleur de voir se renouveler chez nous les horreurs qu'il a commises ailleurs."  (discours du Maire) 

 

Autre discours élogieux, celui de l'instituteur : "Vous qui chaque jour passerez devant cette stèle symbolique, arrêtez-vous souvent pour relire ces noms glorieux. Que cette liste trop longue hélas, vous fasse comprendre combien rude fut la tâche de vos aînés, combien est noble leur sacrifice consenti pour la grandeur de la France et que cette lecture vous insuffle l'amour du sol natal et la haine de la guerre, qu'elle vous fasse goûter la fierté d'être restés français." 

 

"Les habitants avaient très soigneusement décoré et pavoisé leurs maisons. Des arcs de triomphe attestaient de leur bon goût. Dans le cortège, on avait pu remarquer la France Victorieuse, la France en paix, la France au travail, un groupe et de Lorraines, la France en deuil, les Pupilles de la Nation, le Souvenir français, le drapeau et sa garde. Noyelles-sur-Mer a su magnifier ainsi qu'ils le méritaient ses héros tombés pour la défense du sol". (L'Echo du Vimeu,  19 novembre 1921)

 

 

 

 

LE CIMETIERE CHINOIS DE NOLETTE

 

 

Pendant la Première Guerre mondiale, Noyelles-sur-Mer abritait une importante base arrière britannique dont un grand camp de coolies.

 

Ces civils chinois avaient été recrutés par l'armée britannique entre 1917 et 1919 dans le cadre du corps de travailleurs chinois, Les Chinese Labour Corps.

 

Ils étaient affectés à des tâches pénibles et dangereuses : le terrassement des tranchées, le ramassage des soldats morts sur le champ de bataille, le déminage des terrains reconquis ... Beaucoup sont morts d'une épidémie de choléra qui a sévi dans le camp, ou de la grippe espagnole en 1918-1919 voire tués dans les zones de combat.

 

Ils sont inhumés dans le cimetière chinois de Nolette situé sur le territoire de la commune de Noyelles-sur-Mer. Il s'agit du plus grand cimetière chinois de France et d'Europe.

 

Propriété de l'Etat français et gérée par le Commonwealth War Graves Commission, la nécropole a été inaugurée en 1921 par le Préfet de la Somme.

 

 

 

 

Les tombes de ce cimetière sont constituées de 842 stèles en marbre blanc, avec sur chacune d'entre elles, gravée en anglais, une inscription : "Fidèle jusqu'à la mort", "Une bonne réputation dure toujours", "Une noble tâche bravement accomplie", ainsi que des idéogrammes chinois .

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Le porche monumental et le mur de l'entrée tiennent lieu de mémorial pour 42 chinois morts dont les tombes sont inconnues. Des statues de lions offertes par le République populaire de Chine sont situées, non loin de la nécropole, à l'entrée de la rue qui mène au cimetière.
 

 

 

 

 

Depuis plus de trente ans des cérémonies des commémoration sont organisées auxquelles participent de nombreux membres de la communauté chinoise venus de partout.

 

" Comme chaque année, une petite foule s'est réunie dans le carré funéraire. C'est Quin Ming Jie, la Fête des Morts (célébrée depuis 1922) ... Les tombes égrènent la litanie des noms, des matricules et des dates de décès ... "Morts au champ d'honneur", selon l'expression consacrée ? Oui et non. Tués à la guerre à coup sûr, mais usés à la tâche plutôt que fauchés par la mitraille, terrassés par la maladie plutôt que par les Shrapnel ... Ils étaient venus travailler en hommes libres, mais ils ne savaient pas qu'ils allaient trimer dans des conditions indignes, en véritables forçats".

 

(Benoît Hopkin, Le Monde 30 juillet 2014)

 

Voir :

Article du Monde du 30 juillet 2014.  "14/18 Noyelles n'oublie pas ses coolies"

Article du Courrier picard 9 décembre 2015.  Noyelles-sur-Mer : "Morts au bout du monde"